Selon les épidémiologistes, les pandémies surviennent tous les 25 ans. A la sortie de la Première Guerre Mondiale, une des plus importantes pandémies de l’histoire provoque la mort de 3.6% de la population mondiale, soit 50 à 100 Millions d’individus, son nom « La Grippe Espagnole ». Son origine n’est pas comme son nom l’indique d’Espagne, car, comme l’explique Jean-Claude Manuguerra, responsable de l’unité Environnement et risques infectieux à l’Institut Pasteur "Pendant la Première Guerre Mondiale, l’Espagne n’était pas en guerre. Il s’agissait donc de la seule nation où la presse n’était pas censurée et où l’information était donnée concernant l’épidémie de grippe. D’autre part, des membres de la famille royale avaient été atteints par le virus d’où cette erreur".
Nous allons donc nous pencher aujourd’hui sur l’histoire la dernière grande pandémie mondiale meurtrière ayant eu lieu sur un temps aussi court.
Les scientifiques ont des difficultés à déterminer les origines de la Grippe Espagnole, en effet ces dernières sont assez floues. Quelques hypothèses ont donc été émises sur l’origine de la pandémie la plus importante de l’histoire, notamment celle du professeur de biologie à l'Université d'Arizona Michael Worobey qui semble encore à ce jour la théorie la plus probable. Ce dernier pensa comme responsable de la grippe espagnole la combinaison entre la grippe H1N8 (années d’activités : 1900-1917) et des gènes aviaires de type N1. De cette combinaison naquît, toujours selon Worobey, le virus H1N1 vers 1917 qui devînt la Grippe Espagnole. Ce dernier serait apparu par le biais d’une population de canards sauvages de la région de Canton en Chine. Le virus n’a mis que très peu de temps à conquérir la planète, en effet du fait des échanges intempestifs de troupes militaires ou bien de marchandises entre les pays du monde, les zones portuaires et bases militaires se sont retrouvées à être les premières affectées par l’épidémie.
En effet, les premières apparitions de syndromes surviennent en France en février 1916 à Marseille, étant une zone portuaire, par une épidémie de pneumonie chez des travailleurs indochinois. Plus tard en février 1917 cette communauté ainsi que les Algériens et Martiniquais, furent victimes de pneumonies de plus en plus récurrentes. Mais ces syndromes n’inquiétèrent guère les docteurs de l’époque pensant simplement au fait que les Indochinois seraient plus susceptibles d’être atteint de cette pathologie du fait de leur couleur de peau. En conclut le Dr Labbé en février 1917 dans son rapport :
« Il y a là une pathologie très différente de la nôtre. D’ailleurs, quand on visite les hôpitaux des malades de couleur, on a parfois l’impression d’être en présence d’infections nouvelles inconnues aux hommes de nos climats et que les médecins instruits des maladies tropicales ne connaissent même pas. »
On perçoit alors l’ignorance de ces signes avant-coureurs face à de tels rapports.
Dès février 1918, des cas sont détectés en Chine, dans la région de Canton et aux Etats-Unis, en Caroline Du Sud dans des camps militaires. 25% des militaires américains sont touchés par ce qui est encore un simple virus. Ce dernier prend une envergure disproportionnée dès Avril 1918 où des cas de grippes sont repérés tout autour du globe et pas seulement dans les bases militaires.
En mai1918, seulement 30% des victimes étaient européennes, le reste étant des victimes principalement Indochinoises. Fin mai, il est dit dans le journal "Le Journal" que 30% de la métropole de la capitale espagnole serait atteinte par l’épidémie. Le 1er juin il est annoncé 120 000 victimes à Madrid. En France, jusqu’à août 1918 les populations ne se souciaient pas du virus et se réjouissaient même que le virus touche les armées Allemandes. Le journal "Le Matin" du 6 juillet 1918 vante les troupes françaises comme résistantes au virus :
« Nos troupes, en particulier, y résistent merveilleusement. Mais de l’autre côté du front, les Boches semblent très touchés. Est-ce un symptôme de lassitude, de défaillance d’organismes dont la résistance s’épuise ? Quoi qu’il en soit, la grippe sévit en Allemagne avec intensité. ».
Le même mois en France 65 Montpelliérains décèdent du virus, de ces faits les journaux médicaux se décident enfin à évoquer sérieusement cette grippe. Mise à part les journaux médicaux, les médias à portée du peuple français de manière plus générale ne se soucient que fort peu de cette grippe, à en voir cet extrait du journal "La Croix" du 16 octobre 1918.
On remarque ici que l’on ne parle de la grippe que dans la rubrique « Petits Faits », démontrant l’ignorance des médias envers cette dernière encore mi-octobre 1918.
Fin septembre on comptait 285 décès, et au mois de décembre, la France comptait plus de 128 000 civils morts. Un chiffre bien important en France mais tout aussi exponentiel dans les autres régions du globe. Les morgues tout comme les cimetières étaient surchargées et donc certains en profitaient pour augmenter les prix. De ce fait, certaines mairies telle que celle de Philadelphie lancent des appels aux volontaires pour aider à creuser des tombes notamment. Dès décembre, une baisse de la mortalité est enregistrée pour connaître une remontée du mois de février à mars 1919 qui fût marqué comme le deuxième et dernier pic de mortalité dût à la grippe espagnole. Cette pandémie va disparaître en France en mai 1919 où le nombre de morts dû à cette épidémie devient négligeable, même ci, en ce début d’année là il y aura eu environ 36 000 civils français morts.
La grippe espagnole aura principalement touché les populations de 20 à 40 ans, le professeur Michael Worobey explique alors que cette tranche d’âge fût immunisée contre le virus H3N8 ayant sévi entre 1889 et 1890 et non contre le virus H1 qui est, rappelons-le, à l’origine du virus de la grippe espagnole. "la vulnérabilité inhabituelle des jeunes adultes face à ce virus s'explique par le fait que ces individus, nés entre 1880 et 1890, aurait connu la grippe H3N8 étant enfants"
Face à cette épidémie les conseils sanitaires furent des plus banals, le port du masque, se laver les mains et éviter les rassemblements humains pour diminuer les risques de propagation du virus. On retrouve ce type de prévention encore aujourd’hui avec notamment le coronavirus qui sévit dans le monde où l’origine du virus serait, aussi dans ce cas, la Chine.
De plus, les hôpitaux surchargés, de grandes salles permettaient alors de placer un maximum de patients pour tenter, en vain, de les soigner. Aujourd’hui sont désormais construits des hôpitaux sur-mesure en un temps record. En effet 2 hôpitaux ont été construits en ce mois de février 2020 en moins de 10 jours pour permettre une capacité d’accueil de 1000 patients. Il est alors aisé de constater que les avancées technologiques permettent de construire plus rapidement des infrastructures. Des infrastructures alors nécessaires à la tentation de sauver d’une épidémie la population ce qui permettrait au final de diminuer les dégâts encourus par une telle épidémie. Nous verrons alors la véritable efficacité d’une telle mise en œuvre dans les jours et semaines à venir.
De plus les médecins se préoccupants des victimes, au contact de ces dernières étaient plus exposés aux risques de contamination. On a le cas ici de la carte d'infirmière de Theresa Burmeister, qui fût une "Red Cross Nurse", soit une infirmière de la croix rouge américaine et morte à cause de la grippe espagnole le 29 janvier 1919.
Aujourd’hui encore les docteurs s’occupants des patients atteints du coronavirus sont plus exposés aux risques, on peut en avoir la confirmation avec la mort le 6 février dernier du docteur Li Wenliang qui avait donné l‘alerte de l’apparition du virus.
.
Les moyens technologiques d’aujourd’hui et les avancées en médecine permettent une sécurité plus ou moins fiable comme la mise en place de caméras thermiques dans les aéroports pour le contrôle des flux de passagers.
Une mise en place d’une quarantaine pour une ville entière fût aussi une mesure exceptionnelle à laquelle la ville de Wuhan a dû faire face dès ce mois de janvier 2020 du fait que l’épidémie de fièvre du coronavirus trouve son origine dans la capitale de la province de Hubei.
La grippe espagnole fût alors considérée comme l'une des plus importantes épidémies de tous les temps et, même si les chiffres sont encore incertains à ce jour, elle aurait tuée jusqu'à 100 millions de personnes. Aujourd'hui nous faisons face au coronavirus et mettons en place, avec les apprentissages du passé, des moyens hors du commun pour réduire l’expansion du virus et guérir tant bien que mal les victimes. Nous n'avons toujours pas trouvé quel pourrait être la méthode pour prévenir parfaitement une pandémie, un jour peut-être nous le saurons mais vous, quel serait selon vous le moyen de prévenir toute pandémie ?
Pour commenter cet article, inscrivez-vous / connectez-vous à votre compte Grunge News (en haut à droit de votre écran) !
Comments