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L’esclavage, toute son histoire ...

L’esclavage est désigné comme un crime contre l’humanité depuis le 19 juin 2020 par le Parlement européen. Ce fléau a marqué l’histoire mondiale et est retenu aujourd’hui comme exemple à ne pas reproduire. Pourtant, avec l’évolution de la fast fashion, l’esclavage moderne est plus que jamais au centre des préoccupations. Il y a quelques jours, la maison mère de Facebook, Meta, en a été accusée au Kenya. Grunge News revient sur ce scandale et vous retranscrit l’essentiel de l’histoire de l’esclavagisme depuis le tout début. Pour y parvenir, nous étudierons dans cet article les 3 principales traites négrières. Bonne lecture ...



Deux Européens emmènent de force un Africain sur un bateau négrier. Image tirée du poème “The Negro’s Complaint, a poem”, écrit par William Cowper en 1826. (Crédit : © The British Library Board / Leemage)

La traite orientale

L’esclavage est un phénomène historique et culturel complexe qui a toujours existé. Les premières traces de ce type d’exploitation remontent vers 1800 avant notre ère en Haute Mésopotamie. A cette époque, les esclaves étaient principalement des serviteurs destinés à remplir des tâches agricoles, domestiques ou de mains d’œuvre sur les travaux de construction. Ils pouvaient aussi bien faire partie d’harems. L’intérêt économique que représentait un esclave n’était pas encore au cœur de cette traite. Ces captifs pouvaient être des Africains de couleur noire mais aussi des prisonniers de guerre. Toutefois, les Hommes noirs représentaient déjà, à l’Antiquité, une importante population d’esclaves. C’est ce qu’on a appelé la traite orientale (ancienne). Les esclaves étaient acheminés principalement d'Afrique subsaharienne, d'Afrique du Nord-Ouest ou d'Europe méditerranéenne par voie terrestre (traversée du Sahara, du désert arabique, …) mais aussi par voie maritime (circuit de la mer Rouge et du golfe Persique).


Concernant les Egyptiens, il n’est pas rare de voir des films, lire des romans, le récit biblique de l’Exode, etc, évoquant le commerce d’esclaves important qu’aurait mis en place ce peuple. Toutefois, ceci n’est qu’un imaginaire collectif, ce sont des hyperboles de la réalité. Effectivement, les Égyptiens ont eu recours à l’esclavage mais cette pratique restait assez peu implantée dans la société si l’on compare à l’ère romaine. Les Égyptiens n’auraient par exemple pas utilisé d’esclaves pour construire les pyramides. Selon eux, les serviteurs étaient des Hommes disposant le droit de se marier ou celui de propriété par exemple.


En Grèce antique, ces captifs étaient nombreux et le terme “esclave“ avait même plusieurs synonymes qui s’employaient, pour la plupart, dans des contextes bien précis. A Athènes environ 250 000 esclaves étaient aux ordres d'un maître. Ce chiffre important représentait 1 habitant sur 2. Aristote justifiait cette pratique puisqu’"Il est évident qu’il y a, par nature, des hommes qui sont libres et d’autres qui sont des esclaves, et que pour ceux-ci, la condition servile est à la fois avantageuse et juste".


Itinéraires de la traite orientale en Afrique subsaharienne, au Moyen-Âge (CC BY-SA 3.0)

L’ère de la Rome antique a eu elle aussi son taux d’esclaves puisqu’ils peuplaient près de 40% de la population. Sous la politique romaine, hommes, femmes et enfants pouvaient se retrouver au service d’un maître. Il était probable de devenir esclave si l’on était membre d’un certain type de population, si nous étions enfant d’esclave, criminel, un citoyen déchu de ses droits ou encore si l’on était un prisonnier de guerre. Certains citoyens se voyaient même être contraints de s’asservir afin d’enrayer une dette impayable.


Au Moyen-Âge, les marchés aux esclaves sont nombreux et le type d’esclaves est différent, bien que leurs travaux restaient domestiques, ou dans l’armée ou sexuels. L’Eglise chrétienne domine en Europe et elle interdisait à ses partisans de priver tout autre chrétien de ses libertés. Ainsi, seuls les païens, athées pouvaient devenir sujet d’un Homme.


La traite intra africaine

Outre cette traite d’esclaves importante, il y a aussi eu la traite intra-africaine qui est bien moins documentée. On estime que pour cette longue période de l’histoire, environ 14 millions de noirs furent réduits en esclavage en Afrique (un grand nombre de captifs étaient acheminés pour rejoindre la traite occidentale). Un chiffre qui s’est monté à la suite des siècles à cause d’Africains qui revendaient leurs prochains, contre de l’or bien souvent. La richesse amassée était souvent redistribuée à d’importantes personnalités, telles que des rois.


La traite occidentale

A l’instant nous parlions de la traite occidentale qui est la plus populaire, la plus documentée mais aussi la plus importante concernant l’organisation. Internationale, cette traite a grandi en grande partie grâce au commerce triangulaire qui assurait le transport des esclaves Africains entre la France, l’Afrique et l’Amérique. Pendant 3 siècles, ces échanges ont perduré, provoquant la fin des libertés d’environ 20 millions d’Hommes pour des raisons économiques. Bien souvent, ces Africains pouvaient travailler pour de riches propriétaires dans les champs de coton.


Fonctionnement de la traite atlantique, dit le commerce triangulaire (source : lettres-histoire-geographie.dis.ac-guyane.fr)

La façade Atlantique française avait permis à la France de jouer un grand rôle dans ce commerce. Pour garantir ce trafic d’êtres humains en Europe et plus particulièrement en France, il fallait des ports importants pour gérer l’affluence. Pour répondre à ce “besoin“, les principaux ports de l’Atlantique que sont celui de Nantes, Le Havre, La Rochelle et de Bordeaux, ont vu leur identité se transformer. Par exemple, certains immeubles nantais sont ornés de mascarons taillés dans la pierre qui représentent, pour certains, des visages d'Hommes noirs. Ces "décorations" représentent pour certains des rois africains, des esclaves, ... C'était une manière pour le propriétaire d'afficher sa réussite grâce au commerce.


Mascaron visible sur une façade de l'allée Brancas à Nantes. (crédit : ©Léia Santacroce)

Ces mêmes négociants de la côte Atlantique qui ont amassé des fortunes considérables sont progressivement devenus des personnalités influentes dans le pays, faisant perpétuer et prospérer le commerce triangulaire.

Nantes était le principal port négrier du pays, de là, 1427 expéditions y ont été armées, ce qui représente 42 % de la traite française. Ces échanges permettaient aux Africains de recevoir en échange de futurs esclaves, des produits européens (textiles, armes) puis, une fois arrivés en Amérique, les Européens échangeaient leurs esclaves contre des produits locaux, typiquement du sucre, du cacao, du tabac, …


Première de couverture du Code Noir (source : assemblee-nationale.fr)

Pour réglementer le traitement des esclaves dans les îles, la France a mis en place un Code noir. Ce code fut mis en place en 1685 par Louis XIV et aboli bien des années plus tard, en 1848. Les lignes de ces règles précisaient que l’esclave était certes un Homme mais était juridiquement une “chose“ sans liberté. Les règles de ce code, bien que délirantes, n’ont jamais réellement été appliquées dans les plantations, la domination blanche était totale.

Quelques exemples de règles :

Pour pouvoir se marier, l'esclave doit avoir l'accord de son maître, ses enfants appartiendront au propriétaire de la mère.


Toutefois, si ces règles étaient suivies, le propriétaire devait se montrer modéré dans ses punitions, nourrir ses esclaves et les vêtir correctement.


L’apogée de l’esclavage en France se fait au XVIIIe siècle. Cependant, le pays au drapeau tricolore met fin à l’esclavage le 27 avril 1848 grâce au second “Décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848“. Cette abolition a été permise en partie grâce aux esclaves eux-mêmes et leurs nombreuses révoltes, notamment celle de Saint Domingue (1791-1804).



« Les Anglais faisans part aux Africains du Traité de paix des puissances alliées du 20 octobre 1815 sur l'abolition de la traite des noirs » (crédit : Huesca / domaine public)

Ces milliers d’années d’esclavage ont ainsi perpétué l’image d’infériorité de l’Homme noir face à l’Homme blanc. De plus, l’esclavage moderne existe toujours et exploite encore des millions d’hommes, femmes et enfants à travers le monde. Toutefois, il est important de préciser que d’autres populations ont souffert de ce commerce. Citons le phénomène relaté par le professeur américain Robert C. Davis qui précise qu’il y a aussi eu une importante traite des blancs par les Arabes d'Afrique du Nord qui aurait rendu captifs plus d’un million d'Hommes entre le XVIe et le XVIIIe siècle.


 

Désormais, vous connaissez les grandes lignes de l’histoire de l’esclavage mais cette pratique n’est pas complètement éradiquée comme nous vous l’avons raconté. Dernièrement (mardi 10 mai) c’est Daniel Motaung, un ancien modérateur Sud-Africain, travaillant pour Sama, un sous-traitant de la maison mère de Facebook, META, qui a porté plainte contre l’entreprise. Il dénonce des conditions de travail “indigne“ mais aussi des manières d’embauche trompeuse et des rémunérations trop peu importantes et irrégulières, …


Mercy Mutemi, l’avocate de Daniel Motaung, lors d’une conférence de presse à Nairobi, le 10 mai 2022. (crédit : BAZ / RATNER / REUTERS / via lemonde.fr)

Modérateur n’est pas une profession facile et elle a déjà posé de nombreux problèmes auparavant et pourtant, ceux exerçant cette activité sont essentiels à l’environnement des réseaux sociaux afin de retirer les contenus ne respectant pas les règles. Suite à la plainte, le jeune homme a dit souffrir d’un syndrome post-traumatique. Un porte-parole de META affirmait à l’AFP en réponse :

“Nous prenons au sérieux notre responsabilité envers les personnes qui examinent les contenus pour Meta et exigeons de nos partenaires qu’ils fournissent des salaires, des avantages sociaux et un soutien parmi les meilleurs de l’industrie […] “.

Les avocats de Daniel Motaung représenteraient un groupe de 240 modérateurs de Sama à Nairobi et selon eux, Meta et Sama “recrutent via des méthodes frauduleuses et trompeuses, relevant de l’abus de pouvoir, exploitant la vulnérabilité des candidats jeunes, pauvres et désespérés. Beaucoup ont été embauchés et amenés au Kenya avant d’avoir compris la nature de leur travail [...] Ils ont donc été victimes de trafic d’êtres humains selon une forme moderne d’esclavage interdite par l’article 30 de la Constitution.“. S’il y a une suite à cette affaire, nous vous tiendrons informé dans les stories d’actu du jour sur Instagram (@grunge_news ).


Un magasin de vente aux enchères d'esclaves noirs à Atlanta en Georgie aux États-Unis, 1864 (domaine public)

L'esclavage est aujourd'hui encore un problème mondial. Malgré une histoire chargée par la violence et la méprise de l'être humain, c'est aujourd'hui la Chine qui semble rétablir ces pratiques en réduisant à l'esclavage les ouïghours. Cette communauté turcophone et à majorité musulmane sunnite subit actuellement un "génocide", est-ce une preuve que l'histoire se répète ?



 
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