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Enquête ; La drogue dans la musique, un fléau créatif ?

L’industrie musicale est l’un des milieux artistiques qui connaît le plus de tragédie autour de ses acteurs. Entre suicide, dépression, burn-out ou overdose, cet univers professionnel si particulier est loin d’être le plus sain. En effet, la présence de drogue provoquant des overdoses est devenue un mythe dans l’industrie et symbolise la difficulté de ce milieu ainsi que la pression qui repose sur les artistes. Cette présence est partie intégrante de la descente aux enfers de nombreux d’artistes, mondialement connus ou non. Récemment, une légende du rap américain, DMX, est décédé d’une overdose à l'âge de 50 ans. Il rejoint la liste des chanteurs/musiciens morts trop tôt… Sur cette liste nous retrouvons le Club des 27, Lil Peep, Dalida, Mac Miller ou encore Michael Jackson. Mais alors, pourquoi la drogue occupe-t-elle une place si importante dans l’industrie musicale ?

Afin de vous en apprendre davantage sur ce milieu, mais aussi, afin de rendre hommage aux artistes décédés à cause de la drogue, l’équipe Grunge News a décidé de vous écrire un article sur ce sujet …


Cover de l'album "Wrld on Drugs" par Future et Juice WRLD

La première question que l’on peut se poser, c’est pourquoi la drogue est elle aussi présente dans la musique, contrairement à d’autres milieux professionnels et comment a-t-elle réussi à se faire une place de choix dans l’industrie ?


Premièrement, la musique est un milieu artistique et la drogue a toujours fait partie de ces milieux. En effet, ces substances sont des instruments d’exploration mentale très efficace et elle a toujours été pour l’Homme un moyen d'extérioriser son potentiel créatif.

Charles Baudelaire et Salvador Dali, par exemple, vantaient le fait que leur génie créatif était potentialisé par diverses substances illicites plus ou moins nocives.


De plus, le mouvement Hippie et le mouvement artistique du psychédélisme des années 60, rapprochent encore un peu plus la drogue de l’art. Ces groupes de pensées valorisaient les perceptions sensorielles des psychotropes hallucinogènes. Le point culminant de ce mouvement, qui a réellement popularisé la drogue dans le monde musical, c’est Woodstock. Festival se déroulant en août 1969 pendant 3 jours et ayant accueilli plus 500 000 spectateurs. Ces derniers pouvaient profiter des prestations d’artistes comme Jimmy Hendrix, Joe Cocker et Janis Joplin, mais aussi des effets des drogues présentes sur le festival. LSD, mescaline, champignons, haschich, toutes étaient présentes sur les lieux et ont été consommées en toute liberté et surtout sans modération … Woodstock est un emblème pour toute une génération et pour le mouvement hippie.

Vous pouvez en apprendre davantage sur ce festival mythique en vous référant au Point Culture ci-dessous :


 


 

Un peu plus tard, dans les années 80, la musique techno fait son apparition. Originaire de Detroit et de Berlin, ce nouveau genre musical est, au départ, très mal réputé. Il est catalogué comme sauvage et écouté uniquement par des jeunes sans avenir. Ce mouvement renforce un peu plus la présence de la drogue dans le milieu musical, car les substances deviennent de plus en plus abordables, et circulent dans les nombreuses fêtes/raves parties créés avec le mouvement techno. Rappelons que dans les années 80, Detroit est une ville rongée par la pauvreté et le crack, drogue gérée par les gangs. Concernant la situation à Berlin dans cette décennie, elle n’était pas joyeuse non plus. La ville était toujours séparée en deux parties bien distinctes (RFA et RDA).


Crédit : Tilman Brembs - zeitmaschine.org

Aujourd’hui, c’est principalement le rap qui est au cœur de ce fléau. Ce genre est l’un des mouvements musicaux les plus influents dans le monde. Il est controversé, car ses sujets sont souvent liés aux ghettos, à la consommation de drogues, au sexe, à la pauvreté et aux violences policières. D’après certaines organisations, le rap inciterait les jeunes à consommer des drogues, mais aussi à la violence et mythifierait encore davantage les drogues et leur usage. A cause du rap, on pourrait croire que la drogue est un effet de mode !



Mais alors, la drogue augmente-t-elle réellement la créativité ?


Nous traitons ici d’un débat qui s’éternise. D’un côté nous avons les rappeurs qui glorifient la drogue dans leurs sons et de l’autre, ceux qui ne font que l’évoquer, avec regrets, avec tristesse. Prenons l’exemple de Future ; il y a quelques années celui-ci a arrêté la lean mais a pourtant continuer d’évoquer cette drogue dans ses morceaux pour “vendre“. Il s’explique : « C’est ça qui fait vendre. Ça a été fait avant moi, ça sera fait après moi […] ». Juice WRLD avait même avoué avoir été influencé, concernant les drogues, par son idole, Future. Il en est mort le 8 décembre 2019 à l’aéroport de Chicago.

A l’inverse, des rappeurs comme le regretté Lil Peep ont, eux, de réels problèmes avec ces substances. Pour ce type d’artistes, avant d’être un fonds de commerce, évoquer leurs problèmes de dépendance est une échappatoire mais aussi, parfois, un moyen d’éloigner les jeunes de ces stupéfiants. Lil Peep est par ailleurs mort d’une overdose le 15 novembre 2017, le soir d’un de ses concerts.


Mac Miller n'hésitait pas à aborder son addiction. Il est mort d'une overdose le 7 septembre 2018 (Crédit : Photoshot/Photoshot/ABACA)

La drogue joue un rôle important dans cette industrie auprès des artistes et des spectateurs car elle permet de ressentir certaines émotions plus fortement et donc de décupler nos sens. Ainsi, les artistes libèrent leur "génie créatif" et les spectateurs ont l’impression de plus ressentir la musique et de la vivre pleinement en étant soumis au LSD, à la MDMA, … Certains favorisent donc le “bien-être“ momentané à leur santé. Une santé qui peut facilement être bouleversée et ce, même avec une seule prise ! Rappelons que les morts dues aux drogues sont très fréquentes. Aux Etats-Unis, entre mai 2019 et mai 2020, on ne dénombre pas moins de 81 000 morts enregistrées, par overdose.

Certains artistes, comme ceux appartenant au Club des 27, ont d’ailleurs toujours assumé prendre des substances psychotropes. C’est le cas de Jim Morrison, (le chanteur du groupe The Doors) qui écrit un court poème sur le sujet, voici les 2 premiers vers :

“Pourquoi je bois ?

Pour pouvoir écrire de la poésie. “



Et aujourd’hui ? Qu’en pensent les artistes ?


Aujourd’hui, de nombreux artistes pensent à prendre un virage vers une nouvelle vie, sans drogue. Ces prises de conscience arrivent bien souvent après un malheureux accident.

En 2018, après le suicide du DJ producteur international, Avicii, les artistes du monde de la musique électronique s’étaient remis en question sur la gestion de leur vie, sur la gestion des excès. Notons, qu’avant sa mort, Avicii avait longtemps usé de l’alcool afin de gérer sa vie d’artiste stressante. De ces dernières années, c’est l’une des premières réelles prises de conscience des artistes sur les dangers des drogues/alcool.


Avicii (© DR)

Puis, le rap SounCloud (sous-genre du rap devenu populaire sur la plateforme de streaming SounCloud), a émergé faisant connaître toute une vague de rappeurs talentueux mais pour la plupart, drogués. Certains expriment clairement leur dépendance dans leur nom comme l’artiste Lil Xan (le “Xan“ fait ici directement référence au Xanax, comprimé consommé, à l'époque, par Lil Xan). En 2017-2018, cette vague de nouveaux talents proliférait sans que personne ne se souci de la santé de ces jeunes. La drogue était une banalité, un style, un genre !

Pourtant, rapidement les avis ont changé lorsque la mort de Jarad Anthony Higgins aka Juice WRLD, est survenue. Les réactions ne se font pas attendre et quelques rappeurs de la vague du SounCloud rap annoncent leur volonté d’arrêter les drogues. Trippie Redd affirme en live :

"Je serai le premier à dire : je ne consomme pas de pilules, mais j'en parle toujours en musique. Peut-être." Preuve que la drogue restera toujours un thème lucratif à aborder dans le hip-hop ?

Quoi qu’il en soit, Lil Xan suit les traces de la sobriété et confirme en 2020, changer son nom de scène pour, “Diego“, son vrai prénom. Ce changement est pour lui une manière de tourner une page, celle de la drogue …




Finalement, entre business et addiction, la drogue dans l’industrie musicale n’en est pas à ses débuts et son influence est, chaque jour, de plus en plus importante. Aujourd’hui la drogue est au centre de toutes les attentions. Cause de nombreuses morts, certains rappeurs demandent même la régulation de celles-ci. A la mort de Lil Peep, Vic Mensa s’était emporté dans une interview pour Billboard :

« À quel moment allons-nous commencer à demander des comptes aux fabricants de Xanax et de Percocet ? À quel moment allons-nous faire de ces gens, qui fabriquent littéralement ces produits en laboratoire, des criminels ? Ce ne sont pas juste des intermédiaires, ce sont des meurtriers. »

Malheureusement la guerre de la drogue dépasse les frontières artistiques et va bien au-delà, tel est le danger …



 
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